Série sur les règles de course : épisode 1

L’hiver est maintenant terminé et les beaux jours se font de plus en plus nombreux. Et qui dit arrivée du printemps dit premiers rendez-vous pour les requinistes régatiers. Nous vous proposons cette semaine et les semaines à venir, avec l’aide de notre ami arbitre Didier Grèze, de revenir sur les règles de courses à la voile grâce à des séquences illustrées. Nous remercions également chaleureusement Michel Briand pour son aide précieuse ainsi que la famille Berthet pour les belles séquences vidéos fournies pour illustrer cette série d’articles.

Episode 1 : croisement de deux bateaux en course

Préambule :
Les faits de course proposés ici et dans l’épisode à venir sont filmés à partir d’un des bateaux.
C’est une situation à laquelle le jury est assez souvent confronté avec le développement technologique récent.
Ce qui limite leur portée et ce au grand désarroi des porteurs de ces « témoignages » se retrouve dans les remarques suivantes :

  • le plus grand écueil est de ne pas avoir de profondeur de champs : est-on à quatre, trois ou deux longueurs de la bouée ?
  • la position de la caméra sur le bateau est aussi génératrice de mauvaise perception de la situation. Dans le premier épisode que vous découvrez ici et le deuxième épisode à venir, la caméra est à l’arrière du bateau dans l’axe longitudinal, que se passe-t-il au vent et sous le vent du bateau ? Impossible de le savoir…

Donc, au plan général, sans rejeter d’un revers de main l’apport d’une caméra, celle-ci sera plutôt considérée comme un témoignage que comme une preuve irréfutable des responsabilités dans une situation de course.
En conclusion de ce préambule, s’il y a un conseil à apporter aux concurrents en cas de réclamation, c’est de bien préparer leurs arguments avant l’instruction et de n’envisager quelque vidéo que ce soit que comme un témoignage.

Remarque préliminaire : dans le texte à suivre les mots en gras et en italique renvoient aux définitions de termes que l’on trouve dans le livre des Règles de Course à la Voile (RCV). Par exemple, un bateau est en course depuis son signal préparatoire…

Analyse :

La vidéo ci-dessus illustre le cas typique de croisement de deux bateaux en course et de séries différentes sur un bord de près. Quelles RCV s’appliquent sur un tel croisement ? Elles sont au nombre de trois : RCV 10, RCV 14, RCV 16.

RCV 10 SUR DES BORDS OPPOSES : quand des bateaux sont sur des bords opposés, un bateau bâbord doit se maintenir à l’écart d’un bateau tribord

RCV 14 EVITER LE CONTACT : un bateau doit éviter le contact avec un autre bateau si cela est raisonnablement possible. Cependant, un bateau ayant droit à la place ou à de la place à la marque :

  • (a) n’a pas besoin d’agir pour éviter le contact jusqu’à ce qu’il soit clair que l’autre bateau ne se maintient pas à l’écart ou ne donne pas la place ou la place à la marque,
  • (b) doit être exonéré s’il enfreint cette règle et que le contact ne cause pas de dommage ou blessure.

RCV 16 MODIFIER SA ROUTE :

  • 16.1 Quand un bateau prioritaire modifie sa route, il doit laisser à l’autre bateau la place de se maintenir à l’écart,
  • 16.2 De plus, quand, après le signal de départ, un bateau bâbord se maintient à l’écart en navigant pour passer derrière un bateau tribord, le bateau tribord ne doit pas modifier sa route si de ce fait le bateau bâbord est immédiatement contraint de modifier sa route pour continuer de se maintenir à l’écart.

Néanmoins, il s’agit pour cette dernière d’un rappel. Si l’on extrapole une situation de course par rapport à la vidéo ci-dessus, le dessin suivant s’apparente à la situation où Jaune serait le Requin et Bleu le 6M JI.

Les deux bateaux sont en route convergente, Jaune au près serré tribord amures, Bleu au près serré bâbord amure, s’il apparaît, à partir de la position 2 que Bleu ne change pas de cap. En position 3, Bleu et Jaune sont très proches. Bleu bâbord continue sur la même route et ne se maintient pas à l’écart de Jaune tribord. En position 4, Jaune tribord modifie sa route en entamant un virement de bord pour éviter le contact. En position 4, Bleu bâbord vire de bord pour se maintenir à l’écart. En position 5, les routes de Jaune et Bleu divergent.

Sur cette situation, en fonction des faits établis ci-dessus, Bleu, en ne se maintenant pas à l’écart enfreint la RCV 10, Jaune en virant de bord pour éviter le contact respecte la RCV 14. La décision du jury aurait donc dû être la disqualification de Bleu.

Conclusion

Le célèbre slogan « Tribord Amure, Roi des Mers ! » est néanmoins à utiliser sur l’eau avec circonspection !

Didier Grèze, en plus d’être arbitre national, est un grand amateur de belle plaisance et de bateaux classiques. Il a été président du jury lors des deux dernières éditions de notre championnat national et sera également aux commandes du 66e National Requin à La Baule, du 28 au 31 juillet 2016. Nous le remercions chaleureusement pour ses précieux éclairages.

 

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